L'hypnose,

le monde des opposés apaisés

Hypnos, le dieu grec du sommeil, était considéré comme le gardien de la nuit, celui qui reste éveillé quand le monde est endormi. Ainsi, quand l’hypnose a été nommée d’après cette divinité, c’était pour qualifier un état entre veille et sommeil. Malgré certaines apparences, la personne en état d’hypnose ne dort pas. Sa réactivité diffère de celle du sujet endormi, tout comme sa physiologie ou l’activité de son cerveau. Sous hypnose, il y a une sorte de fluidité mentale qui semble s’installer. Ainsi, sans que l’on puisse préciser quel est le mécanisme neurobiologique responsable de l’hypnose, on connaît les zones activées lors du processus.

Après avoir été une curiosité de cabaret, l’hypnose a commencé à intéresser les neurobiologistes pour ses effets sur divers symptômes cliniques. Mais alors que le neurologue français Jean-Martin Charcot (1825-1893) avait été le premier à introduire l’hypnose à l’Hôpital de la Salpétrière, à la fin du XIXème siècle, les applications médicales de la méthode se sont surtout développées hors de France.

Aujourd’hui, les querelles du passé étant apaisées, l’hypnose revient en force. Elle se révèle efficace pour lutter contre divers types de douleurs, contre le stress et l’anxiété. Et ironie de l’histoire, on vient de montrer récemment, qu’elle soulage les personnes atteintes de la maladie de Charcot, une maladie neurodégénérative qui entraîne une paralysie musculaire.

Dans l’état de veille habituel, quand le corps est ressenti comme lourd, c’est qu’il n’est pas perçu comme léger, c’est même un pléonasme. Mais dans cet état d’éveil paradoxal, de conscience efficiente, qu’est l’hypnose, le corps peut être perçu comme à la fois lourd et léger, et en plus, cela ne pose aucun problème.

En cela, l’hypnose peut être vue comme « le monde des opposés apaisés » : le lourd ne s’oppose plus au léger, il le complète.

Lors des séances d’hypnose, je fais mon possible pour amener mon client à découvrir ce monde des opposés apaisés, où, si le lourd redevient le frère de léger, l’ici le frère de l’au-delà, et aussi le bon, le frère du mauvais, c’est que le patient revient à la simple présence, le pur sentiment d’existence, où le langage, avec toutes ses images créées, dont l’image de soi, redevient enfin périphérique, secondaire.
La personne étant autorisée à percevoir la réalité sans jugement, sans qualificatif, va se détendre, certes, parfois même profondément, mais surtout va pouvoir observer, sans ne rien faire, la vie qui s’écoule de manière fluide.

Une séance d’hypnose se déroule normalement en trois phases successives : l’induction qui permet de déclencher le processus hypnotique à laquelle s’ajoute la phase thérapeutique, où le thérapeute énonce des suggestions de changement et de guérison, et enfin la sortie de l’hypnose.
Il y a lieu de rappeler une notion sur laquelle il est important d’insister : dès qu’une phrase ou une action heurte, physiquement ou moralement une personne en état d’hypnose, elle en sort immédiatement.

La personne sous hypnose ne fait rien, elle observeElle redevient disponible « à la vie qui passe ».
Tout se passe comme si la pensée despotique ayant été provisoirement détrônée, le corps s’en trouvait soulagé, et le mental libéré de tout regret et de toute anticipation craintive.
Quand le passé est cicatrisé, accepté, et que le futur est laissé libre de toute certitude, alors l’instant peut se déployer dans la simple présence.

Les indications de l’hypnose se multiplient

L’hypnose lutte efficacement contre les douleurs chroniques et aigües, et réduit le stress. Ce faisant, elle améliore le bien-être de nombreux malades.

Des études cliniques réalisées à l’étranger montrent l’utilité de l’hypnose dans les dépressions réactionnelles (après un deuil ou une rupture amoureuse par exemple) ou l’anxiété.

Elle également efficace en cas de phobies : en Australie, Allan Cyna, chef du service d’anesthésie, a décrit le cas d’un enfant de 5 ans qui présentait une phobie extrême vis à vis des piqûres. Cet enfant a surmonté sa phobie grâce à l’emploi de l’hypnose et a évité ainsi des anesthésies chimiques répétées.

La claustrophobie : certaines personnes qui doivent passer un examen IRM sont parfois assaillies par une crise phobique qui oblige l’arrêt de l’examen. L’hypnose est efficace pour 92% des sujets pris en charge sous hypnose.

La gestion du stress lors des examens : des exercices d’autohypnose sont appris aux étudiants dans certaines Facultés, notamment la Faculté de médecine Paris VI.

La gestion du stress, l’augmentation de la motivation et du geste technique chez les sportifs.

L’hypnose constitue un traitement de choix pour les migraines de l’enfant et de l’adulte. Daniel Kohen, pédiatre à l’hôpital de Minneapolis aux Etats-Unis, enseigne l’autohypnose aux enfants souffrant de migraines. Dans une étude datant de 2007, les 144 enfants ainsi traités voyaient la fréquence des crises divisées par 4, leur intensité par 2 et leur durée par 6.

L’hypnose a une efficacité avérée contre la douleur. Les études réalisées en imagerie ont montré que l’hypnose réduit l’activité des principales aires de la douleur.

L’équipe du Néerlandais Huub Haanen a établi, en 1991, le bien-fondé de l’hypnose dans la fibromyalgie (des douleurs musculaires chroniques) : les sujets concernés diminuaient de 40 à 60% leur consommation d’antalgiques.

Efficacité démontrée de l’intérêt de l’autohypnose dans les maladies inflammatoires chroniques, telles que la polyarthrite ou la spondylarthrite ankylosante.

L’hypnose allège les douleurs aigües : changement de pansements des grands brûlés, par exemple.

De fait de son efficacité pour contrôler l’anxiété et la douleur, l’hypnose a été introduite dans les blocs opératoires, en salle de réveil et dans les services de réanimation.

L’hypnose et la cancérologie et la fin de vie : à l’Université d’Oxford, sur 400 femmes devant subir une mammectomie pour tumeur du sein, celles qui avaient bénéficié de séance d’hypnose avant l’intervention avaient ressenti une amélioration de leur confort physique et psychologique, avec des suites opératoires meilleures que pour les femmes n’ayant pas bénéficié de l’hypnose. Par rapport à un groupe témoin, les scores d’anxiété, de confort ainsi que les nausées, avaient été améliorées de plus de 50%.

En oncologie, et plus spécifiquement en soins palliatifs, l’hypnose a trouvé sa place dans l’accompagnement et le confort des patients.

L’hypnose est également une méthode de préparation à l’accouchement intéressante qui permet aux femmes enceintes de mieux contrôler les phobies et craintes liées à la naissance.

En 2006, Eliahu Levitas, gynécologue en Israël, a montré que l’utilisation de l’hypnose pendant le transfert d’embryons fécondé in vitro, améliore la proportion de succès, sans doute parce que les contractions utérines déclenchées par la réimplantation sont moins nombreuses.

Il y a aussi la « peur du dentiste » : l’hypnose a toute sa place chez le dentiste pour prendre en charge les phobies des soins dentaires et réaliser les soins et les extractions dentaires dans les meilleures conditions.

En dermatologie : l’utilisation de l’hypnose par les dermatologues a commencé dans les années 1950, à la fois en Russie et en Grande Bretagne. L’hypnose permet par exemple, d’améliorer, voire de guérir les formes de verrues disséminées. L’hypnose permet d’améliorer les dermatites atopiques telles l’eczéma de l’adulte et de l’enfant.

L’hypnose stimule les défenses immunitaires.

Si on ne comprend encore pas comment agit l’hypnose, cette méthode ancienne, longtemps restée confidentielle, voire décriée, de nombreux articles sont publiés confirmant l’intérêt que les cliniciens ont déjà constaté de longue date. De surcroit, cette méthode est peu coûteuse et bien tolérée.